vendredi 1 août 2014

Qu'on se fende la tête ailleurs, pourvu que chez moi rien ne soit dérangé

Un bourgeois : - Je ne sais rien de mieux, les dimanches et fêtes, que de parler de guerres et de combats, pendant que, bien loin, [dans la Turquie], les peuples s’assomment entre eux. On est à la fenêtre, on prend son petit verre, et l'on voit la rivière se barioler de bâtiments de toutes couleurs ; le soir on rentre gaiement chez soi, en bénissant la paix et le temps de paix dont nous jouissons.

Un autre bourgeois : - Je suis comme vous, mon cher voisin : qu'on se fende la tête ailleurs, et que tout aille au diable ; pourvu que chez moi rien ne soit dérangé.

Faust, Goethe (1808)

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Pour les germanophiles:

- Nichts Bessers weiß ich mir an Sonn- und Feiertagen
Als ein Gespräch von Krieg und Kriegsgeschrei,
Wenn hinten, weit, [in der Türkei],
Die Völker aufeinander schlagen.
Man steht am Fenster, trinkt sein Gläschen aus
Und sieht den Fluß hinab die bunten Schiffe gleiten;
Dann kehrt man abends froh nach Haus,
Und segnet Fried und Friedenszeiten.

- Herr Nachbar, ja! so laß ich's auch geschehn:
Sie mögen sich die Köpfe spalten,
Mag alles durcheinander gehn;
Doch nur zu Hause bleib's beim alten.

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