jeudi 21 août 2014

Le travail de condensation du rêve

La matière "rêve" m'intéresse, le tag dreams de ce blog en témoigne. Après avoir feuilleté certains ouvrages, j'avais renoncé à lire Freud ou Lacan... avant de mettre la main sur un écrit plus concis, "Sur le rêve" de Sigmund Freud (écrit un an après "L'interprétation des rêves").

La quatrième de couverture m'apprend qu'il s'agit d'une commande d'un éditeur, "un exposé sur le rêve qui revêt une forme plus classique, parfois didactique". Parfait.

Après avoir réfuté que les rêves ne soient que pures divagations et le résultat de l'activité d'un cerveau laissé en roue libre, Freud peut donc définir ce qu'il appelle le "contenu latent du rêve ", c'est-à-dire les pensées que révèle l'analyse du "contenu manifeste du rêve". Le second est produit à partir du premier par une transformation qu'il nomme "travail du rêve".

Freud se concentre dans ce livre sur ce processus (et l'opération inverse, le "travail d'analyse"). Exemples à l'appui, il distingue quatre activités du travail du rêve : "Condenser le matériel, le déplacer, le remanier dans le sens de la visualisation, à quoi s'ajoute enfin le petit apport variable d'un traitement interprétatif"

Je commence par la conclusion, certes, mais ça me sert à contextualiser les extraits qui vont suivre dans les prochains jours. Celui-ci traite donc de l'activité de condensation, par laquelle différents contenus (des lieux, des figures, des situations) se trouve compressés en un seul.
Reste alors, par l'analyse, à déceler les points communs à ces représentations, tout en négligeant les détails contradictoires.

Il m'arrive à moi régulièrement de commencer un rêve en suivant un protagoniste, qui, sans forcément que je m'en aperçoive immédiatement, change d'identité en cours de route... 
Freud en parlera mieux que moi :


Le travail de condensation du rêve explique aussi certaines composantes de son contenu, qui lui sont particulières et ne se trouvent pas dans la pensée éveillée. Il s’agit des individus collectifs et composites, ainsi que des singulières formations composites, créations comparables aux compositions animales de la fantaisie des peuples d’Orient, qui, dans notre pensée, se sont déjà figées en unités distinctes, alors que les compositions du rêve sont sans cesse remodelées selon un jaillissement inépuisable. Chacun connaît de telles formations à partir de ses propres rêves; leurs modes de production sont très variés. Je peux composer une personne en lui prêtant des traits d’un individu et d’un autre, ou bien en lui donnant la forme de tel individu tout en pensant dans le rêve au nom d’un autre, ou bien je peux me représenter l’aspect d’une personne mais la déplacer dans une situation qui s’est produite avec une autre. Dans tous les cas, la combinaison de plusieurs personnes en un représentant unique dans le contenu du rêve est pleine de sens; elle vise à signifier un « et », un « comme », à établir, entre les personnes originales, une équation sous un certain rapport, rapport qui peut aussi être précisé dans le rêve lui-même. Mais, en règle générale, l'élément commun des individus fusionnés ne peut être découvert que par l’analyse et n'est précisément qu'indiqué dans le contenu du rêve par la constitution de l’individu collectif.

Sigmund Freud, Sur le rêve (1901)

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