lundi 15 octobre 2012

Quelque chose de grand

"Nuits fauves", du groupe parisien Fauve, se place clairement dans la catégorie des morceaux en français aux paroles qui interpellent, dans la mesure où elles dépeignent un état d'esprit, et parlent d'amour, de sexe, de l'autre, des autres, du travail, de la vie tout court... Le genre de morceaux qu'ont pu écrire et composer Diabologum (+ filiation), Mendelson ou encore Arnaud Fleurent Didier.

[...] Dis-leurs que tu te sens seul, et que tu sais plus quoi faire pour trouver un peu de chaleur humaine ; Aller au bois pour que quelqu'un accepte enfin de toucher ton zob, tripoter de la lycéenne, porter des robes ? Te trémousser en talons hauts comme un gogo, puis arpenter les ruelles sombres en secouant ta clochette.

C’est un peu à cause de tout ça si tous les soirs, c’est la même histoire: Métro, apéro, lexo, clopes et films pornos à l’ancienne, sur lesquels tu t’entraînes rageusement, même si ça fait longtemps que ça t’amuse plus vraiment.

Mais il faut pas que tu désespères
Perds pas espoir
Promis-juré qu'on la vivra notre putain de belle histoire
Ce ne sera plus des mensonges
Quelque chose de grand
Qui sauve la vie
Qui trompe la mort
Qui déglingue enfin le blizzard

Imagine-toi : t’es là, en train de te reprendre un verre au bar, quand tout à coup tu croises un regard qui te perfore de part en part. Imagine-toi, t’es là, ça te tombe dessus sans crier gare. Un truc bandant, un truc dément qui redonne la foi.

Un truc comme ça :
« Bonsoir / Bonsoir / quelle chance de se croiser ici
Bonsoir / Bonsoir / Je voudrais partager tes nuits »

Tu connaîtras les nuits fauves, je te le promets. Elle sera tigre en embuscade quand tu viens te glisser sous ses draps, tandis que toi, tu feras scintiller tes canines lorsqu'elle enlève le bas. Elle t’offrira des feulements dans sa voix lorsqu’elle reprend son souffle qui s’échappent dans la cour pour aller faire gauler la lune, des coups de bélier invoqués comme un miracle, et qui veulent dire : « Si tu t’arrêtes, je meure ». Toutes ces choses qui te la feront raidir, rien qu'à te souvenir, pour le million d’années à venir.

Malheureusement, tout ce qu'on t’offre pour l’instant, c’est des chattes épilées et des seins en plastique en vidéo. C’est terrifiant, tout le monde veut la même chose: même les travelos rêvent du prince charmant. Et pourtant, on passe notre temps à se mettre des coups de cutter dans les paumes, à trop mentir, à force de dire : « Par pitié, range la guimauve, écarte les jambes, je t’en supplie, me parle pas. Laisse-moi seulement kiffer mon va-et-vient de taulard, et m’endormir direct moins de trois minutes plus tard ». A force de faire tout ça, on croyait quoi ? On se meurtrit, on fait l’amour comme on s’essuie. Quel gaspillage.

Mais il faut pas que tu désespères
Perds pas espoir
Promis-juré qu'on la vivra notre putain de belle histoire
Ce ne sera plus des mensonges
Quelque chose de grand
Qui sauve la vie
Qui trompe la mort
Qui déglingue enfin le blizzard

Imagine-toi : t’es là, en train de te reprendre un verre au bar, quand tout à coup tu croises un regard qui te perfore de part en part. Imagine-toi, t’es là, ça te tombe dessus sans crier gare. Un truc bandant, un truc dément qui redonne la foi.

Offre-moi dès ce soir ta peau brune et tes lèvres mauves, tes seins, tes reins, tes cheveux noirs, et qu'on se noie dans les nuits fauves. En échange de tout ça, je t’offre ce dont je dispose, mon corps, mon âme, prends tout, tout de suite, et qu'on se noie dans les nuits fauves

Tant pis si on nous prend pour des demeurés. Bien sûr qu'on sait qu'ici c’est pas Hollywood. Sauf qu'aux dernières nouvelles, le fantasme c’est encore gratuit. C’est pour ça qu'on se réfugie dans nos pensées, qu'on ferme les yeux très fort, jusqu'à voir des couleurs en attendant que ça passe.

Y a que comme ça qu'on peut rêver de caresses au réveil et de regards qui veulent dire: « T’inquiète plus, t’inquiète plus », de coups de poings dans le cœur, de quarantièmes qui rugissent dans nos poumons à faire sauter les côtes, de torrents dans nos veines, d’une épaule pour pleurer sans honte et d’une oreille pour tout dire - Tout dire, toujours, quoiqu'il arrive... -, de serments argentés prononcés face au rayon vert: « Est-ce que tu veux m’épouser ? Vivre et mourir à mes côtés ? »

On rêve de réapprendre à respirer, que la médiocrité qui nous accable aille se faire enfler au Pakistan. On attend désespérément celui ou celle qui apaisera d’un doigt nos muscles noués et nos encéphales en sous-régime. On attend désespérément celui ou celle qui fera battre notre cœur plus grand

C’est pour ça qu'il faut pas que tu désespères
Perds pas espoir
Promis-juré qu'on la vivra notre putain de belle histoire
Ce ne sera plus des mensonges
Quelque chose de grand
Qui sauve la vie
Qui trompe la mort
Qui déglingue enfin le blizzard



Fauve, Nuits fauves (2012)


Les amateurs pourront également écouter "St Anne", quelque part entre "France Culture" et "Vivre Autrement" d'Arnaud-Fleurent Didier.

2 commentaires: