mercredi 2 février 2011

L'illusion de l'achevé. Le vertige de l'insaisissable

Si vous n'êtes pas venus ici depuis quelques temps, STOP, cette série d'articles commence à peine plus pas, ici (et d'ailleurs, limite, , comme me le fait remarquer "Poitrilomirtiop").

Toujours en vous rapportant les propos de Perec, j'étais donc parti pour vous exposer le §2.1, "Manières de ranger les livres"

classement alphabétique
classement par continent ou par pays
classement par couleurs
classement par date d'acquisition
classement par date de parution
classement par formats
classement par genres
classement par grandes périodes littéraires
classement par langues
classement par priorité de lecture
classement par reliures
classement par séries

Aucun de ces classements n'est satisfaisant à lui tout seul. Dans la pratique, toute bibliothèque s'ordonne à partir d'une combinaison de ces modes de classements : leur pondération, leur résistance au changement, leur désuétude, leur rémanence, donnent à toute bibliothèque une personnalité unique.


Il convient d'abord de distinguer les classements stables et les classements provisoires ; les classements stables sont ceux qu'en principe on continuera à respecter ; les classements provisoires ne sont censés durer que quelques jours ; [...]

En ce qui me concerne, près des trois quarts de mes livres n'ont jamais été réellement classés. Ceux qui ne sont pas rangés d'une façon définitivement provisoire le sont d'une façon provisoirement définitive, comme à l'OuLiPo. [...]

Comme les bibliothécaires borgésiens de Babel qui cherchent le livre qui leur donnera la clé de tous les autres, nous oscillons entre l'illusion de l'achevé et le vertige de l'insaisissable? Au nom de l'achevé, nous voulons croire qu'un ordre unique existe qui nous permettrait d'accéder d'emblée au savoir ; au nom de l'insaisissable, nous voulons penser que l'ordre et le désordre sont deux mêmes mots désignant le hasard.

Georges Perec, Penser/Classer (1978)


Ma bibliothèque personnelle est assez peu fournie: J'ai en effet l'opportunité de pouvoir facilement emprunter... De plus, j'ai pris le parti de vendre tout livre que je ne relirai pas.

Ma discothèque est en revanche bien plus étendue.
Description.

Ma toute première tentative de rangement (au collège, donc) fut alphabétique. Un classement simple, et lisible pour les personnes extérieures (càd autres que moi). Trop terne, trop prévisible. J'optai donc rapidement pour un classement chromatique, qui fit son effet un long moment. Il atteignit ses limites lorsque la masse des CDs à tranche noire ou blanche devint trop importante. Enfin, je me résolus à adopter un classement thématique, avec au sein d'une catégorie, un sous-classement de proche en proche, soit par analogie de style, identité de label, proximité géographique / temporelle, ou tout simplement parce que tel et tel artiste auront collaboré ensemble. Un classement chronologique parachève le tout. Aujourd'hui cet ordre demeure.

Les disques que je reçois pour la radio sont quant à eux provisoirement classés par ordre de date de publication, puis par priorité d'écoute, avant de rejoindre les archives... par ordre d'archivage. Ce dernier classement est idéal pour qui rejette l'idée de devoir déplacer ses disques : en revanche, il se double nécessairement d'un étiquettage et d'une base de données.

Dans un prochain article, je vous exposerai comment sont rangés mes T-Shirts (de groupe).

Blague à part, je profiterai de ce que Perec cite Borges pour revenir sur le vertigineux concept constitutif de sa bibliothèque de Babel.

3 commentaires:

  1. Ah, sujet qui me touche que celui de la bibliothèque ! Y'a quelques années, j'ai commencé à empiler mes livres par terre le temps de monter des étagères. Quand je me suis rendue qu'à l'évidence jamais j'allais sortir la perceuse, ils touchaient déjà le plafond.

    Maintenant je trouve ça trop joli pour y toucher. C'est mon installation artistique à moi.

    Avantage : ça isole bien du froid.
    Inconvénient : tu peux pas relire un livre du dessous.

    http://2.bp.blogspot.com/_VBKCU0Fw9oM/S0-RciX-_ZI/AAAAAAAACz0/n1YA_XdNanI/s1600-h/2790222794_00436fc68d_b.jpg

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  2. "Dans un prochain article, je vous exposerai comment sont rangés mes T-Shirts" ... alors là, je ne pensais pas qu'on en arriverait là un jour sur Arise Therefore :))

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  3. Impressionnant, cet empilement. Ca a l'air stable en même temps...

    Du coup, pour être sure de pas avoir à les extraire, tu les pas mis côté tranche lisible.
    (ca remonte à quand, au fait, Madame Bovary?)

    En tout cas, selon moi, on n'a pas trouvé mieux pour stocker des livres qu'une embrasure de porte condamnée.

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